70 ans de recherche sur l’infiniment petit!
Après l’anniversaire des 40 ans de l’ENSICAEN, c’est au tour du Laboratoire de Physique Corpusculaire de fêter ses 70 ans. Une occasion de revenir sur plusieurs décennies de recherche sur l’infiniment petit…
Par Gilles Ban, Directeur du LPC
Créé en 1947 par le professeur Scherer, le laboratoire s’est développé autour de l’étude du rayonnement cosmique dit « corpusculaire ». Les physiciens menaient alors leurs expériences dans les carrières de calcaire de May-sur-Orne, au sud de Caen. L’avènement des détecteurs et des accélérateurs de particules dans les années 1960-1970 ont permis une période d’activité au CERN et au Laboratoire Saturne (Saclay). La construction du GANIL à la fin des années 1970, a marqué un tournant pour le LPC, qui s’est progressivement tourné vers l’étude du noyau atomique, cette partie centrale de l’atome, constituant élémentaire de la matière.
Les physiciens du LPC étudient plus particulièrement les noyaux fortement instables dits « exotiques, noyaux présents dans l’univers, mais qui n’existent pas à l’état naturel sur Terre. Ils utilisent des réactions nucléaires pour produire des faisceaux de noyaux exotiques par le biais d’accélérateurs de particules, tels que le Laboratoire National du Sud à Catane (Italie), ISOLDE au CERN à Genève (Suisse), RIKEN près de Tokyo (Japon), TRIUMF à Vancouver (Canada) ou les installations SPIRAL1 et prochainement SPIRAL2 du GANIL.
Le LPC répond également à des demandes sociétales fortes avec des projets de recherche appliqués tel que le projet GUINEVERE, dont l’objectif est de développer une énergie nucléaire plus propre en s’attaquant au problème du retraitement des déchets nucléaires. Sur le plan de la recherche médicale, le laboratoire participe au projet ARCHADE, premier centre européen de recherche, de développement et de traitement par hadronthérapie qui ouvrira à Caen à l’horizon 2018. Contrairement aux rayons X utilisés en radiothérapie conventionnelle, les hadrons se caractérisent par une meilleure précision balistique. Ils sont capables de cibler plus directement les cellules cancéreuses, sans impacter les tissus sains environnants. Fortement investi dans le développement de l’instrumentation, des équipements et de la dosimétrie, le LPC est également moteur dans la réalisation d’un outil de simulation destiné aux praticiens opérant en radiothérapie et, à terme, en hadronthérapie.
Le LPC est en outre impliqué dans les projets de recherche qui visent à comprendre les origines de la matière et les premiers instants de l’univers que nous connaissons : SUPERNEMO au laboratoire souterrain de Modane (France), LPC TRAP à Caen, NEDM à Zurich (Suisse), SOLID à Mol (Belgique) qui portent en particulier sur le neutrino, une particule furtive, difficile à détecter, et dont la masse n’a pas été mesurée à ce jour. C’est sur ce sujet, le neutrino, que s’est d’ailleurs illustré Valentin Pestel, en première année de doctorat au laboratoire en remportant la finale régionale normande du concours Ma thèse en 180’ le 5 avril dernier.
Unité mixte de recherche sous tutelle ENSICAEN, UNICAEN et CNRS/IN2P3, le laboratoire compte 80 membres dont 12 chercheurs CNRS, 17 enseignants-chercheurs, 38 ingénieurs, techniciens et administratifs et 13 doctorants et post-doctorants.